L'écriture est arrivée dans ma vie ; comme ça, je ne m'en souviens plus vraiment. Je me revois écrire des chansons quand j'étais collégien ou taper des histoires de princes et princesses à la machine à écrire. C'était drôle ce bruit des touches, cette sonnette quand on finissait une ligne, comme la fin d'un round. Mais il me semble que ce n'est pas de moi dont je souhaite vous parler. C'est plutôt de l'écriture.
Elle est attitude, une posture. Je revois la statue du scribe accroupi. Il sourit, il est éveillé, il semble méditer en position du lotus, est à l'écoute. L'écrivain est celui qui adopte à mon sens cette attention. C'est celui qui reste en éveil, réceptif plutôt, au récit que chacun porte en soi et qui vit. Être écrivain c'est ressentir qu' un message nous habite, nous fait vibrer et qui demande à ce que l'on se mette à sa disposition. Écrire c'est donc se mettre dans un état particulier. Je dirais même plus : à une certaine fréquence. C'est donc capter certains signaux, à en émettre certains types. Écrire c'est exprimer ce qui nous anime, ce qui fait sens. C'est se donner les moyens d'équilibrer l'intérieur et l'extérieur. L'écrivain est celui qui se pose, au service d' un récit singulier et qui réussit - à force d'un artisanat permanent - à retranscrire une vision d'un univers sensible, créatif...
Donc écrire c'est être une espèce de support pour le récit. C'est permettre à ce dernier d'éclore, après une lente germination. Le processus d'écriture peut être alors comparé à la croissance d'un arbre, où il serait question de fruit, pourrissement, compost, graines, ombre et enracinement puis venue au monde de l'autre côté de la terre avec de la lumière. Créer c'est à la fois se trouver soi-même - son style, sa syntaxe, sa cadence, etc. - et entamer une recherche en littérature (essais, techniques d'écriture, nouvelles, etc.) et dans les autres arts. Pour moi c'est en plus s'ouvrir à la spiritualité. Pour écrire et que le fond et la forme se rejoignent, il est ainsi recommandé de cultiver sa sensibilité, de s'éveiller aux autres créateurs, de libérer l'accès à sa propre source créative. Je peux témoigner que l'écriture correspond à entrer en résonance, à sentir au bout de ses doigts qu'il y a plus qu'une plume, un clavier, mais bien quelque chose dans notre poitrine, au niveau du cœur, et qu'une sève particulière circule, chargée d'un fluide ou d'un élixir magique. C'est dans ces moments là que l'écriture atteint sa cible. Elle agit alors en nous, à travers toute notre âme, tout notre corps et l'esprit du récit se propage.
Pour de nombreuses raisons, l'acte d'écrire, la vie d'écrivain est difficile. Tant que l’histoire n'est pas posée noir sur blanc, l'écriture se manifeste à nous. Elle se fait insistante ; à nous de lui accorder la place qu'elle mérite. L'exercice pour l'écrivain consiste alors à discipliner sa vie, tout ce qui demande à sortir et à canaliser ce flux. La règle en la matière c'est d'écouter. C'est d'accepter d'être travaillé par le récit qui nous habite. Je suis d'accord : écrire est une exigence. Imaginez-vous à quel point la création d'un texte nous fait plonger dans nos abîmes ou nous fait nous envoler aux confins de l'univers ? Je m'adresse ici aux non-écrivains. Je me doute quand-même que vous avez une idée de cette exigence que je qualifie de lâcher prise, voire même de saut de la foi.
L'écriture : un excentrement dans le sens où elle nécessite de prendre du recul ou de la hauteur, de se mettre en périphérie de certaines conduites habituelles de la société. Et en même temps un recentrement, puisqu'il s'agit également d'entrer en contact avec sa fibre artistique, son histoire personnelle et ses ressentis, de se connecter à l'humanité aussi. Entrer en phase d'écriture demande donc des prédispositions, mais pas forcément. Là où je souhaite insister c'est que cet état d'écriture exige surtout de la sincérité, de l'authenticité et de la régularité. Parce que écrire est bien souvent et bien longtemps un acte réalisé dans l'ombre, dans l'anonymat. Et être écrivain, ce n'est pas forcément être célèbre, reconnu dans le monde entier, ou encore moins être édité facilement. C'est un processus qui dépasse les frontières classiques de l'espace-temps. Créer une œuvre prend des années. Et cela se fait, du moins pour ma part, dans une relative indifférence générale. Mais qu'importe, même si cela déçoit quand-même : ce qui compte au fond, c'est que le récit prenne vie, que les épisodes s'articulent entre-eux et trouvent une logique ; qu'au delà du doute nous puissions exprimer ce que nous portons en nous ; que nous puissions explorer nos facettes et notre conception du monde et/ou des relations humaines. L'écriture comme long cheminement, lente évolution, maturation qui vit son propre rythme naturel. Faire et être, voilà ce que peut réaliser humblement un écrivain.
Écrire déstabilise soi-même, les proches et pourquoi pas la société. C'est inhabituel de prendre un calepin, ou un ordinateur et de faire silence, de travailler de façon incalculable à une histoire qui peut nous rapporter absolument rien (en terme financier). L'artiste des mots, étrange personne. Mais bon, ce qui compte, en dépit des déceptions, des obstacles, des doutes, c'est de s'atteindre. En tout cas, c'est déjà une grande réussite de mettre des mots sur des ressentis, de construire un langage propre, d'oser raconter une histoire. C'est ça qui compte, même si nous aimerions à l'avance être assurés que nous allons être lus par tant de lecteurs et gagner tant d'argent. Oui, mais non. On verra. Voilà. Moi écrivain, c'est déjà me mettre en service de ce qui m'habite, de l'explorer, de l'exprimer, de l'articuler. Alors, pour ce faire, je développe une certaine hygiène de vie. Oui j'écris, et oui je me laisse écrire. Une œuvre est une cocréation. Être écrivain c'est revoir énormément de choses : notre rapport à la vitesse, à l'argent, au travail...Cela nous fait reconsidérer beaucoup de valeurs. L'écriture est donc une initiation. L'autre cerise sur le gateau c'est que l'écrivain soit lu. Que son message touche des lecteurs et relie des personnes entre-elles.
Permettez-moi de conclure ce témoignage par une citation de Paolo Coelho : "L'univers tout entier conspire à la réussite de celui qui accomplit sa légende personnelle".
Elle est attitude, une posture. Je revois la statue du scribe accroupi. Il sourit, il est éveillé, il semble méditer en position du lotus, est à l'écoute. L'écrivain est celui qui adopte à mon sens cette attention. C'est celui qui reste en éveil, réceptif plutôt, au récit que chacun porte en soi et qui vit. Être écrivain c'est ressentir qu' un message nous habite, nous fait vibrer et qui demande à ce que l'on se mette à sa disposition. Écrire c'est donc se mettre dans un état particulier. Je dirais même plus : à une certaine fréquence. C'est donc capter certains signaux, à en émettre certains types. Écrire c'est exprimer ce qui nous anime, ce qui fait sens. C'est se donner les moyens d'équilibrer l'intérieur et l'extérieur. L'écrivain est celui qui se pose, au service d' un récit singulier et qui réussit - à force d'un artisanat permanent - à retranscrire une vision d'un univers sensible, créatif...
Donc écrire c'est être une espèce de support pour le récit. C'est permettre à ce dernier d'éclore, après une lente germination. Le processus d'écriture peut être alors comparé à la croissance d'un arbre, où il serait question de fruit, pourrissement, compost, graines, ombre et enracinement puis venue au monde de l'autre côté de la terre avec de la lumière. Créer c'est à la fois se trouver soi-même - son style, sa syntaxe, sa cadence, etc. - et entamer une recherche en littérature (essais, techniques d'écriture, nouvelles, etc.) et dans les autres arts. Pour moi c'est en plus s'ouvrir à la spiritualité. Pour écrire et que le fond et la forme se rejoignent, il est ainsi recommandé de cultiver sa sensibilité, de s'éveiller aux autres créateurs, de libérer l'accès à sa propre source créative. Je peux témoigner que l'écriture correspond à entrer en résonance, à sentir au bout de ses doigts qu'il y a plus qu'une plume, un clavier, mais bien quelque chose dans notre poitrine, au niveau du cœur, et qu'une sève particulière circule, chargée d'un fluide ou d'un élixir magique. C'est dans ces moments là que l'écriture atteint sa cible. Elle agit alors en nous, à travers toute notre âme, tout notre corps et l'esprit du récit se propage.
Pour de nombreuses raisons, l'acte d'écrire, la vie d'écrivain est difficile. Tant que l’histoire n'est pas posée noir sur blanc, l'écriture se manifeste à nous. Elle se fait insistante ; à nous de lui accorder la place qu'elle mérite. L'exercice pour l'écrivain consiste alors à discipliner sa vie, tout ce qui demande à sortir et à canaliser ce flux. La règle en la matière c'est d'écouter. C'est d'accepter d'être travaillé par le récit qui nous habite. Je suis d'accord : écrire est une exigence. Imaginez-vous à quel point la création d'un texte nous fait plonger dans nos abîmes ou nous fait nous envoler aux confins de l'univers ? Je m'adresse ici aux non-écrivains. Je me doute quand-même que vous avez une idée de cette exigence que je qualifie de lâcher prise, voire même de saut de la foi.
L'écriture : un excentrement dans le sens où elle nécessite de prendre du recul ou de la hauteur, de se mettre en périphérie de certaines conduites habituelles de la société. Et en même temps un recentrement, puisqu'il s'agit également d'entrer en contact avec sa fibre artistique, son histoire personnelle et ses ressentis, de se connecter à l'humanité aussi. Entrer en phase d'écriture demande donc des prédispositions, mais pas forcément. Là où je souhaite insister c'est que cet état d'écriture exige surtout de la sincérité, de l'authenticité et de la régularité. Parce que écrire est bien souvent et bien longtemps un acte réalisé dans l'ombre, dans l'anonymat. Et être écrivain, ce n'est pas forcément être célèbre, reconnu dans le monde entier, ou encore moins être édité facilement. C'est un processus qui dépasse les frontières classiques de l'espace-temps. Créer une œuvre prend des années. Et cela se fait, du moins pour ma part, dans une relative indifférence générale. Mais qu'importe, même si cela déçoit quand-même : ce qui compte au fond, c'est que le récit prenne vie, que les épisodes s'articulent entre-eux et trouvent une logique ; qu'au delà du doute nous puissions exprimer ce que nous portons en nous ; que nous puissions explorer nos facettes et notre conception du monde et/ou des relations humaines. L'écriture comme long cheminement, lente évolution, maturation qui vit son propre rythme naturel. Faire et être, voilà ce que peut réaliser humblement un écrivain.
Écrire déstabilise soi-même, les proches et pourquoi pas la société. C'est inhabituel de prendre un calepin, ou un ordinateur et de faire silence, de travailler de façon incalculable à une histoire qui peut nous rapporter absolument rien (en terme financier). L'artiste des mots, étrange personne. Mais bon, ce qui compte, en dépit des déceptions, des obstacles, des doutes, c'est de s'atteindre. En tout cas, c'est déjà une grande réussite de mettre des mots sur des ressentis, de construire un langage propre, d'oser raconter une histoire. C'est ça qui compte, même si nous aimerions à l'avance être assurés que nous allons être lus par tant de lecteurs et gagner tant d'argent. Oui, mais non. On verra. Voilà. Moi écrivain, c'est déjà me mettre en service de ce qui m'habite, de l'explorer, de l'exprimer, de l'articuler. Alors, pour ce faire, je développe une certaine hygiène de vie. Oui j'écris, et oui je me laisse écrire. Une œuvre est une cocréation. Être écrivain c'est revoir énormément de choses : notre rapport à la vitesse, à l'argent, au travail...Cela nous fait reconsidérer beaucoup de valeurs. L'écriture est donc une initiation. L'autre cerise sur le gateau c'est que l'écrivain soit lu. Que son message touche des lecteurs et relie des personnes entre-elles.
Permettez-moi de conclure ce témoignage par une citation de Paolo Coelho : "L'univers tout entier conspire à la réussite de celui qui accomplit sa légende personnelle".
Thomas Masson