Julia Cameron, Libérez votre créativité :
- « La créativité est une expérience tribale et les anciens de la tribu initieront les jeunes gens doués qui croiseront leur chemin. »
- « (…) être un artiste requiert davantage d'enthousiasme que de discipline. L'enthousiasme (…) est un engagement spirituel, une reddition aimante à notre processus créateur, une reconnaissance aimante de toute la créativité autour de nous. »
- « En tant que parent de votre artiste et gardien, son grand-frère, son guerrier et compagnon, il vous incombe de le convaincre que vous pouvez sortir en toute sécurité pour (travailler) jouer. »
- « Toute œuvre est influencée par une autre œuvre. Nous nous influençons tous mutuellement. Personne n'est une île et aucune œuvre d'art n'est un continent en soi. »
- « L'art a besoin de temps pour arriver à maturité. »
- « Je me respecte en tant qu'artiste parce que je fais mon travail. »
- « L'exigence rigoureuse d'une vie créative soutenue c'est avoir l'humilité de recommencer, encore et encore. »
- « L'enfant artiste parle la langue de l'âme. »
- « La créativité exige la foi. La foi exige que nous nous dessaisissions du contrôle. »
- « Chacun de nous a un rêve intérieur que nous pouvons déployer si seulement nous avons le courage d'admettre ce qu'est notre rêve. »
- « C'est en prenant l'engagement intérieur de se dire la vérité et de se suivre ses rêves que se déclenche le soutien de l'univers. »
- « Le mystère est au cœur de la créativité. C'est la surprise. »
Jack London, Profession : écrivain :
- "Le travail est tout ; c'est la sanctification et le salut."
- "Pour achever ce bref compte rendu de mon expérience, permettez-moi d'énoncer quelques vérités péniblement acquises. Ne quittez pas votre emploi pour vous consacrer à la littérature à moins de n'avoir personne à charge (...). N'écrivez pas trop. Concentrez vos efforts sur une seule histoire plutôt que de vous disperser sur une douzaine (...). Étudiez les trucs d'écrivains arrivés. Ils se sont rendus maîtres des outils sur lesquels vous vous cassez les ongles (...). Ayez un carnet de notes. Voyagez avec lui, mangez avec lui, dormez avec lui (...). Et travaillez. Écrivez ce mot en majuscule, TRAVAIL, TRAVAIL tout le temps. Découvrez cette terre, cet univers ; cette force et cette matière, depuis la larve jusqu'à l'Esprit divin. Et par tout cela je veux signifier que le TRAVAIL est une philosophie de la vie (...). Les trois grands principes sont : BONNE SANTÉ, TRAVAIL, et une PHILOSOPHIE DE LA VIE. Je pourrais ajouter, je dois même en ajouter un quatrième : la SINCÉRITÉ."
- "(...) vous devez étudier. Vous devez en arriver à lire avec compréhension ce qui s'inscrit sur le visage de la vie. Pour comprendre les caractéristiques et les phases de n'importe quel mouvement, vous devez connaître l'esprit qui pousse à l'action les individus et les peuples, qui fait naître les grandes idées et leur donne de l'élan (...). Vous devez poser la main sur le pouls intérieur des choses."
- "Apprenez à choisir vos lectures avec discernement, et apprenez à parcourir judicieusement."
- "Laissez le lecteur découvrir ces faits ç travers l'esprit des hommes eux-mêmes, laissez le lecteur voir le problème à travers leurs yeux. Il y a diverses manières d'obtenir cela - la plus commune est de les faire parler entre eux. Laissez les s'ouvrir et dire ouvertement l'amertume de leur cœur, l'injustice qu'ils subissent ou pensent subir (...)."
- "Étudiez-les et voyez comme les auteurs s'effacent d'eux-mêmes, créent des choses qui vivent, respirent, agrippent les hommes et font faire aux lampes de lecture des heures supplémentaires. Une bonne atmosphère exige toujours l'effacement de l'artiste, ou, plutôt, l'atmosphère est l'artiste ; quand il n'y a pas d'atmosphère et que l'artiste est toujours là, cela veut dire simplement que le mécanisme grince et que le lecteur l'entend."
- "N'est-ce pas la fonction de l'art que d'éveiller en nous des états d'âme complémentaires à la scène décrite ?"
- "Le fait d'avoir à dire quelque chose de nature à intéresser les autres ne vous dispense pas de faire l'effort de l'exprimer par les meilleurs moyens et dans la forme la plus agréable possible."
- "Sortez de vous-même, entrez dans l'esprit de vos lecteurs et sachez quelle impression leur procureront les mots que vous avez écrits."
- "(...) je suis persuadé qu'il y a de grands livres en moi et que quand je me serai trouvé moi-même, ils sortiront."
- "J'ai toujours insisté sur le fait qu'en littérature, la vertu cardinale est la sincérité, et je vis conformément à cette idée."
Nicolas Boileau, Art poétique :
"Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire."
"Voulez vous du public mériter les amours,
Sans cesse en écrivant variez vos discours.
(...) Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
(...) Prenez mieux votre ton. Soyez simple avec art,
Sublime sans orgueil, agréable sans fard."
"Avant donc que d'écrire apprenez à penser.
(...) Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément."
"Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez."
"Faites choix d'un héros propre à m'intéresser,
En valeur éclatant, en vertus magnifique :
Qu'en lui, jusqu'aux défauts, tout se montre héroïque ;
Que ses faits surprenants soient dignes d'être ouïs."
"Que le début soit simple et n'ait rien d'affecté.
N'allez pas dès l'abord, sur Pégase monté,
Cirer à vos lecteurs, d'une voix de tonnerre :
'Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.'
Que produira l'auteur après tous ces grands cris ?
La montagne en travail enfante une souris."
"Un lecteur sage fuit un vain amusement,
Et veut mettre à profit son divertissement."
"Un auteur vertueux, dans ses vers innocents,
Ne corrompt point le cœur en chatouillant les sens ;
Son feu n'allume point de criminelle flamme.
Aimez-donc la vertu, nourrissez-en votre âme :
(...)"
"Cultivez vos amis, soyez homme de foi :
C'est peu d'être agréable et charmant dans un livre,
Il faut savoir encore et converser et vivre."
Marguerite Duras, Écrire :
- "(...) j'ai rarement compté le temps passé à écrire ni le temps tout court."
- "Écrire, c'était la seule chose qui peuplait ma vie et qui l'enchantait. Je l'ai fait. L'écriture ne m'a jamais quittée."
- "Tandis que le livre il est là et qu'il crie qu'il exige d'être terminé, on écrit. On est obligé de se mettre à son rang. C'est impossible de jeter un livre pour toujours avant qu'il ne soit tout à fait écrit."
- "Il faut être plus fort que soi pour aborder l'écriture, il faut être plus fort que ce qu'on écrit."
- "Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup parce que c'est impossible de parler à quelqu'un d'un livre qu'on a écrit et surtout d'un livre qu'on est en train d'écrire. (...) Parce qu'un livre c'est l'inconnu, c'est la nuit, c'est clos, c'est ça. C'est le livre qui avance, qui grandi (...). "
- "C'est l'inconnu qu'on porte en soi : écrire, c'est ça qui est atteint. (...) L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité. C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne (...)".
- "Écrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait (...)."
- "L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."
- "Il y a très souvent des récits et très peu souvent de l'écriture."
- "C'est ça l'écriture. C'est le train de l'écrit qui passe par votre corps. Le traverse. C'est de là qu'on part pour parler de ces émotions difficiles à dire, si étrangères et qui néanmoins, tout à coup, s'emparent de vous."
Virginia Woolf, L'écrivain et la vie :
- "(...) l'une des propriétés invariables de la beauté est qu'elle laisse dans l'esprit un désir de transmettre. Un don s'impose ; un acte doit lui être dédié, (...)."
- "(...) le 'livre en soi' n'est pas la forme visible mais l'émotion ressentie, et plus la sensation de l'écrivain est intense, plus son expression en mots sera exacte (...)".
- "(...) le romancier est capable de disposer ces émotions et de les faire parler par des méthodes qu'il a héritées, qu'il plie à son propre dessin ou remodèle, ou même qu'il invente pour lui-même. En outre, le lecteur est à même de déceler ces procédés et, par là, d'approfondir sa compréhension du livre (...)."
- "Depuis que l'art de raconter des histoires existe, elles sont toujours composées à peu près des mêmes éléments ; et c'est eux qu'il appelle : l'histoire, les personnes, l'intrigue, la fantaisie, la prophétie, le dessin et le rythme, qu'il entreprend alors d'étudier."
- "Enfin, c'est tout à fait incontestable, les mots, pour vivre à leur aise, ont besoin, tout comme nous, d'intimité. Sans aucun doute ils aiment que nous pensions et que nous ressentions avant de les employer ; mais ils aiment aussi que nous fassions une pause ; (...)."
Guy de Maupassant, Le roman :
- "En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient :
- Amusez-moi.
- Attendrissez-moi.
- Faites-moi rêver.
- Faites-moi rire.
- Faites-moi frémir.
- Faites-moi pleurer.
- Faites-moi penser.
Seuls, quelques esprits d'élite demandent à l'artiste : 'Faites-moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament.' "
- "(...) il [le romancier] devra savoir éliminer, parmi les menus événements innombrables et quotidiens tous ceux qui lui sont inutiles, et mettre en lumière, d'une façon spéciale, tous ceux qui seraient demeurés inaperçus pour des observateurs peu clairvoyants et qui donnent au livre sa portée, sa valeur d'ensemble (...). Le Romancier d'aujourd'hui écrit l'histoire du cœur, de l'âme et de l'intelligence à l'état normal."
- "L'art (...) consiste à user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière, par la seule adresse de la composition, les événements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu'on veut montrer."
- "Notre vision, notre connaissance du monde acquise par le secours de nos sens, nos idées sur la vie, nous ne pouvons que les transporter en partie dans tous les personnages dont nous prétendons dévoiler l'être intime et inconnu. C'est donc toujours nous que nous montrons dans le corps d'un roi, d'un assassin, d'un voleur ou d'un honnête homme, d'une courtisane, d'une religieuse, d'une jeune fille ou d'une marchande aux halles (...). L'adresse consiste à ne pas laisser reconnaître ce moi par le lecteur."
- " 'Si on a une originalité, disait-il [Flaubert], il faut avant tout la dégager ; si on n'en a pas, il faut en acquérir une.' - Le talent est une longue patience. - Il s'agit de regarder tout ce qu'on veut exprimer assez longtemps et avec assez d'attention pour en découvrir un aspect qui n'ait été vu et dit par personne. Il y a, dans tout, de l'inexploré, parce que nous sommes habitués à ne nous servir de nos yeux qu'avec le souvenir de ce qu'on a pensé avant nous sur ce que nous contemplons. La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le."
- "Quelle que soit la chose qu'on veut dire, il n'y a qu'on mot pour l'exprimer, qu'un verbe pour l'animer et qu'un adjectif pour la qualifier (...). Ayons moins de noms, de verbes et d'adjectifs aux sens presque insaisissables, mais plus de phrases différentes, diversement construites, ingénieusement coupées, pleines de sonorités et de rythmes savants. Efforçons-nous d'être des stylistes excellents plutôt que des collectionneurs en termes rares."
Ray Bradbury, Le zen dans l'art de l'écriture :
- "(...) vous êtes un puits profond où dorment des trésors, alors reculez-vous et criez, faites-y résonner votre voix, et vous resterez ébahi par l'explosion de révélations que vous sentirez gronder en vous."
- "(...) si l'on me demandait de citer les accessoires les plus essentiels dans l'attirail de l'écrivain, (...) je ne saurais que recommander de garder un œil sur l'excitation et de surveiller l'enthousiasme."
- "Depuis combien de temps n'avez-vous pas écrit une histoire où ce sont vos véritables sentiments, amour ou haine, qui se sont plus ou moins trouvé couchés sur le papier ? A quand cela remonte-t-il, la dernière fois que vous avez osé vous laisser aller à l'un de vos partis-pris bien-aimés, pour qu'il claque sur la page tel la foudre ? Qu'est-ce qui a le plus marqué votre existence, en bien comme en mal, et quand allez-vous enfin vous décider à le dire - murmure ou hurlement ?"
- "Lorsqu'on me demande où je vais chercher mes idées, cela me fait rire. Quelle étrangeté - nous sommes si occupés à regarder ce qui se passe au-dehors, à chercher des pourquoi et des comment, que nous en oublions de regarder à l'intérieur."
- "Par votre bien-vivre, par votre observation de la manière dont vous vivez, par votre bien-lire, et par votre observation de la manière dont vous lisez, vous avez nourri Votre Moi Le Plus Original."
- "Un homme qui s'est bien nourri abrite une minuscule part d'éternité, avec sérénité il la propose en partage (...). Et en vérité c'est important, comme cela l'a toujours été depuis l'aube des temps, lorsque la rencontre a eu lieu entre un homme qui avait des choses à dire, et d'autres qui, dans leur paisible sagesse, étaient prêts à l'écouter."
- "Une chose importante, à mon avis, est de ne pas lever le pied avant la fin lorsqu'on raconte une bonne histoire ou que l'on exprime des sentiments. Faire en sorte que les effets secondaires surviennent quand le rideau est tombé et que la foule s'en retourne. Que les spectateurs se réveillent en pleine nuit et s'écrient : 'Oh, c'est donc ça qu'il manigançait !' (...)."
- "J'ai tenté d'apprendre à mes amis écrivains que cet art comporte en réalité deux facettes : pour commencer, il faut produire quelque chose ; et ensuite, ce quelque chose, il faut apprendre à tailler dedans, sans le tuer ni l'abîmer en rien. Quand vous démarrez dans votre vie d'écrivain, vous détestez cette partie du job, mais avec l'âge ça devient un jeu merveilleux, un défi que j'aime autant qu'écrire la version initiale, justement parce que c'est un défi."
- "Il n'est pas d'art, noble ou moins noble, qui ne consiste à éliminer le geste inutile au profit de l'expression concise et juste. L'artiste apprend à écarter ce qui doit l'être (...). Son art le plus abouti, c'est dans ce qu'il ne dira pas, c'est dans ce qu'il écartera, qu'on le verra. Dans sa capacité à montrer simplement, et avec une émotion limpide, les chemins où il veut nous emmener."
- "Par le travail, par l'accumulation d'expérience, l'homme se libère de toutes les nécessités qui ne constituent pas le cœur même de la tâche qui l'attend."
- "(...) ce que nous faisons, c'est juste essayer de trouver une manière d'exprimer la vérité qui se cache en chacun de nous. Ne vous apparaît-il pas clairement, maintenant, que plus nous parlons du travail, plus nous approchons de la Relaxation ?"
- "Vous êtes le prisme qui analyse la lumière du monde ; elle traverse votre esprit en brûlant et dessine sur le papier blanc un spectrogramme auquel nul autre, nulle part ailleurs, ne peut se comparer."
- "(...) au fond, toutes les bonnes histoires relèvent de la même et unique catégorie : celle des histoires qu'un homme authentique tire de sa vérité authentique."
- "(...) je pense que vous pourriez facilement trouver une nouvelle définition pour le mot Travail. Et ce mot, c'est AIMER."
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète :
- (...) le créateur doit être lui-même un monde, il doit trouver toute chose en lui et dans la nature à laquelle il s'est lié."
- "Laissez chaque impression et chaque germe de sensibilité s'accomplir en vous, dans l'obscurité, dans l'indicible, l’inconscient, là où l'intelligence proprement dite n'atteint pas, et laissez-les attendre, avec une humilité et une patience profondes, l'heure d'accoucher d'une nouvelle clarté : cela seul s’appelle vivre l'expérience de l'art : qu'il s'agisse de comprendre ou de créer. Là, le temps ne peut servir de mesure, l'année ne compte pas, et dix ans ne sont rien ; être artiste veut dire : ne pas calculer ni compter ; (...)."
- "(...) je voudrais, aussi bien que je le puis, vous prier, cher Monsieur, d'être patient envers tout ce qu'il y a d'irrésolu dans votre cœur (...). N'allez pas chercher maintenant les réponses qui ne peuvent vous être données puisque vous ne pourriez pas les vivre."
- " Aimez donc, cher Monsieur, votre solitude, et portez la douleur qu'elle vous cause avec une plainte de belle sonorité."
- "(...) on ne peut que vous souhaiter de laisser, avec confiance et patience, la grandiose solitude travailler sur vous (...)".
Honoré de Balzac, Écrits sur le roman, anthologie :
- "(...) il faut, pour une œuvre même médiocre, avoir prodigieusement lu, étudié, réfléchi."
- "(...) La vérité littéraire consiste à choisir des faits et des caractères, à les élever à un point de vue d'où chacun les croit vrais en les apercevant, car chacun a son vrai particulier, et chacun doit reconnaître la teinte du sien dans la couleur générale du type présenté par le romancier."
- "Peu d’œuvres donne beaucoup d'amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie."
- "D'ailleurs, l'auteur qui ne sait pas se résoudre à essuyer le feu de la critique ne doit pas plus se mettre à écrire qu'un voyageur ne doit se mettre en route en comptant sur un ciel toujours serein."
- "Mais quel est le sort de ces grandes halles littéraires ? De devenir des ruines d'où sortent quelques tiges, quelques fleurs. Qui sait aujourd'hui les noms des auteurs qui jadis ont tenté, soit dans l'Indoustan, soit au Moyen Âge, de semblables entreprises dans des poèmes dont les titres à trouver sont déjà l'objet d'une science ? Quelles immenses épopées oubliées !"
Mario Vargas Llosa, Lettres à un jeune romancier :
- "Vous traversez aujourd'hui cette épreuve, mon ami : l'heure ardue et passionnante où, non content d'imaginer une réalité fictive, vous la matérialiserez par l'écriture. Si vous décidez de le faire, vous aurez franchi un pas très important, certes, mais sans garantie sur votre avenir d'écrivain. Vous y engager, décider d'orienter votre vie propre en fonction de ce projet, c'est déjà une façon - la seule possible - de commencer à l'être."
- "Je crois que seul celui qui entre en littérature comme on entre en religion, disposé à vouer son temps, son énergie, son effort à cette vocation, est apte à devenir véritablement écrivain et à écrire une œuvre qui le transcende. Cette autre chose mystérieuse que nous appelons le talent, le génie, ne naît pas (...) de façon précoce et fulgurante (...), mais après un long intervalle, des années de discipline et de persévérance. (...) Tous les grands et admirables romanciers ont été, au début, des apprentis scribouillards dont le talent s'est forgé dans la constance et la conviction."
- "La racine de toutes les histoires est l'expérience de leur inventeur, l'existence est la source qui irrigue les fictions."
- "Si le point de départ de l'invention du romancier est bien son vécu, il n'est et ne peut être celui d'arrivée. Celui-ci se trouve à une distance considérable, parfois astronomique, de celui-là ; (...) le roman est une véritable création - jusqu'à atteindre à cette autonomie totale que doit feindre une fiction pour vivre pour son propre compte."
- "Pour doter un roman de pouvoir de persuasion il faut raconter son histoire de façon à raconter le maximum du vécu implicite des personnages et des anecdotes pour réussir à transmettre au lecteur l'illusion d'une autonomie par rapport au monde réel où se trouve le lecteur. (...) Quand un roman nous donne cette impression d'autosuffisance, d'émancipation de la réalité réelle, contenant en lui-même tout ce qu'il faut pour exister, il atteint alors à sa plus grande capacité persuasive. (...) les bons, les grands romans n'ont pas l'air de nous raconter une histoire, ils nous la font vivre et nous la font partager, si fort est leur pouvoir de persuasion."
- "C'est à cette parfaite intégration entre 'fond' et 'forme' que je fais allusion en parlant de cet attribut de nécessité que possède un écriture créatrice."
- "(...) cherchez et trouvez votre style. Lisez énormément, parce qu'il est impossible d'avoir une langue riche et alerte sans avoir lu en abondance de la bonne littérature, et tâchez, dans la mesure de vos forces - ce n'est pas si facile -, de ne pas imiter le style des romanciers que vous admirez le plus et qui vous ont appris à aimer la littérature. Imitez-les dans tout le reste : l'application, la discipline, les manies, et adoptez, si ça vous chante, leurs convictions."
- "La variété de problèmes ou de défis qu'on affronte au moment d'écrire une histoire peut se regrouper en quatre grands éléments :
a) le narrateur,
b) l'espace,
c) le temps,
d) le niveau de réalité."
- "J'aimerais que nous parlions aujourd'hui du narrateur, le personnage le plus important de tous les romans (sans exception), et dont dépendent, d'une certaine façon, tous les autres. Mais avant tout, il convient de dissiper un malentendu des plus fréquents qui consiste à identifier le narrateur, celui qui raconte l'histoire, à l'auteur, celui qui l'écrit. C'est une très grave erreur, commise même par maints romanciers qui, pour avoir décidé de raconter leurs histoires à la première personne en utilisant délibérément leur propre vie comme thème, croient être les narrateurs de leurs fictions. Ils se trompent. Un narrateur est un être fait de mots, non de chair et d'os comme le sont généralement les auteurs ; celui-là vit seulement en fonction du roman qu'il raconte et tant qu'il le raconte (les bornes de la fiction sont celles de son existence), tandis que l'auteur a une vie plus riche et variée, précédant l'écriture de ce roman et se poursuivant après ; même au moment où il l'écrit, le roman n'absorbe pas totalement son vécu. Le narrateur est toujours un personnage inventé, un être de fiction, à l'égal de tous les autres, ceux à qui il 'raconte' (...)."
- "(...) il est normal que les romans soient racontés (bien qu'on ne le voie pas toujours du premier coup) non pas par un, mais par deux, voire plusieurs narrateurs, se relayant les uns les autres, comme dans une course, pour raconter l'histoire."
- "C'est le grand triomphe de la technique romanesque : atteindre l'invisibilité, être si efficace dans la construction de l'histoire tout en couleur, dramatisme, subtilité, beauté et suggestion, qu'aucun lecteur ne s'apercevra plus de son existence."
- "(...) C'est pourquoi il est impossible d'apprendre à un autre de créer ; tout au plus peut-on lui apprendre à écrire et à lire. Le reste, chacun l'apprend soi-même en trébuchant, en tombant et en se relevant sans cesse. Mon cher ami, j'essaie de vous dire d'oublier tout ce que vous avez lu dans mes lettres sur la forme romanesque et de vous mettre une bonne fois à écrire des romans."
Joyce Carol Oates, La foi d'un écrivain :
- "Je crois que l'art est la plus haute expression de l'esprit humain.
Je crois que nous aspirons à transcender le fini et l'éphémère ; à participer à quelque chose de mystérieux et de collectif appelé 'culture'...et que cette aspiration est aussi puissante chez l'être humain que le besoin de reproduire l'espèce.
A travers le local ou le régional, à travers nos voix individuelles, nous travaillons à créer des œuvres d'art capables de parler à des gens qui ne savent rien de nous. Du caractère indirect même de cette relation naît une intimité inattendue."
- "Ce ne sont pas les sujets que nous choisissons, mais le sérieux et la subtilité de notre expression qui déterminent la valeur de notre effort."
- "Ne vous découragez pas ! Ne jetez pas des regards de côté, en vous comparant à vous pairs ! (Écrire n'est pas une course. Personne ne 'gagne' vraiment. La satisfaction est dans l'effort, rarement dans les récompenses ultérieures, si d'ailleurs il y en a.)"
- "Écrivez pour votre temps, sinon exclusivement pour votre génération."
- "Pour moi, écrire n'a jamais été arranger des mots sur une page mais tenter d'incarner une vision ; un ensemble d'émotions ; des expériences brutes. Ce que s'efforce de faire une œuvre d'art dont on se souvient, c'est de susciter chez le lecteur ou le spectateur des émotions à la mesure de cet effort."
- "Lorsque nous commençons à écrire, c'est évidemment par fascination pour le langage ; pour le son, la musique, le pouvoir mystérieux des mots. (...) Si nous avons beaucoup de chance, nous participons à l'évolution mystique de l'esprit humain lui-même (...)."
- "Que l'écrivain peine à découvrir le secret de son œuvre est peut-être ce qui le déconcerte le plus, et dont il lui est malaisé de parler : car il ne peut écrire une œuvre de fiction qu'en devenant, au préalable, la personne qui doit l'écrire ; et il ne peut être cette personne sans se soumettre d'abord au processus, au travail, de créer cette fiction...(...)."
- "Nous pouvons cependant changer de caractère, approfondir notre âme et, assurément, mûrir, devenir plus sensible et plus observateur grâce à la discipline de l'écriture."
- "Je dois raconter est la première pensée de l'écrivain ; la seconde est : Comment le raconter ? (...) Car c'est à la jonction de la vision personnelle et du désir de créer une vision collective, publique, qu'art et métier se confondent."
- "Je publie lorsqu'il me semble que je suis arrivée à ce que je pouvais faire de mieux, et il m'est impossible de porter d'autre jugement que que celui-là. Ma vie est pour moi aussi transparente qu'un verre d'eau, et guère plus intéressante. Et mes écrits, beaucoup trop divers pour que j'y réfléchisse, sont une matière insaisissable, qui prendra place dans les esprits (...) des autres, à qui il appartiendra de les juger."
- "Je fais partie de ces écrivains qui ont besoin de connaître la fin d'un ouvrage avant de pouvoir s'y atteler avec confiance et énergie. Naturellement, il évoluera ; toutes les œuvres d'imagination évoluent avec le temps, une fois que leurs racines sont bien en place. Mais la fin doit être là, au moins dans l'inconscient, pour permettre un début fort."
Milan Kundera, L'art du roman :
- "Soyons plus précis : tous les romans de tous les temps se penchent sur l'énigme du moi. Dès que vous créez un être imaginaire, un personnage, vous êtes automatiquement confronté à la question : qu'est-ce que le moi ? Par quoi le moi peut-il être saisi ? C'est une de ces questions fondamentales sur lesquelles le roman en tant que tel est fondé."
- "Le personnage n'est pas une simulation d'un être vivant. C'est un être imaginaire. Un ego expérimental."
- "Or, je ne me lasserai jamais de répéter : la seule raison d'être du roman est de dire ce que seul le roman peut dire."
- "Le roman n'examine pas la réalité mais l'existence. Et l'existence n'est pas ce qui s'est passé, l'existence est le champ des possibilités humaines, tout ce que l'homme peut devenir, tout ce dont il est capable. Les romanciers dessinent la carte de l'existence en découvrant telle ou telle possibilité humaine. Mais encore une fois : exister, cela veut dire : 'être-dans-le-monde'. Il faut donc comprendre et le personnage et son monde comme possibilités."
- "Le romancier n'est ni historien ni prophète : il est explorateur de l'existence."
- "A la fin de votre lecture, vous devez être encore en mesure de vous rappeler le commencement. Autrement le roman devient informe, sa 'clarté architectonique' s'embrume."
- "Oui, c'est l'auteur qui parle, mais pourtant tout ce qu'il dit n'est valable que dans le champ magnétique d'un personnage (...). J'aime intervenir de temps en temps directement, comme auteur, comme moi-même. En ce cas là, tout dépend du ton."
- "Un thème, c'est une interrogation existentielle. Et de plus en plus, je me rends compte qu'une telle interrogation est, finalement, l'examen de mots particuliers, de mots-thèmes. Ce qui me conduit à insister : le roman est fondé tout d'abord sur quelques mots fondamentaux."
- "(...) composer un roman c'est juxtaposer différents espaces émotionnels, (...) c'est là selon moi, l'art le plus subtil d'un romancier."
- "ŒUVRE. 'De l'esquisse à l’œuvre, le chemin se fait à genoux'. Je ne peux oublier ce vers de Vladimir Holan."
- "OPUS. (...) Le moindre service qu'un auteur peut rendre à ses œuvres : balayer autour d'elles."
- "ROMANCIER (et écrivain). (...) L'écrivain a des idées originales et une voix inimitable. Il peut se servir de n'importe quelle forme (roman compris) et tout ce qu'il écrit, étant marqué par sa pensée, porté par sa voix, fait partie de son œuvre. (...) L'écrivain s'inscrit sur la carte spirituelle de son temps, de sa nation, sur celle de l'histoire des idées. (...) Le romancier n'a de comptes à rendre à personne, sauf à Cervantes."
- "ROMANCIER (et sa vie). (...) Le trait distinctif du vrai romancier : il n'aime pas parler de lui-même."
- "Or, le romancier n'est le porte-parole de personne et je vais pousser cette affirmation jusqu'à dire qu'il n'est même pas le porte-parole de ses propres idées. (...) pendant l'écriture il [Tolstoï] écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs."
Umberto Eco, Confessions d'un jeune romancier :
- "Quand je me suis décidé à écrire le roman, ce fut comme si j'ouvrais un grand placard où j'avais empilé mes dossiers durant des décennies. Tout ce matériau était là, à portée de main, et je n'avais qu'à sélectionner ce dont j'avais besoin."
- "Le récit est gouverné par la règle latine Rem tene, verba sequentur - 'Tiens ton sujet, les mots suivront' -, alors qu'en poésie il faudrait renverser cet adage : 'Tiens-t'en aux mots, le sujet suivra'. Le récit est d'abord et avant tout une affaire cosmologique. Pour raconter quelque chose, on commence par jouer le rôle d'une sorte de démiurge qui crée un monde, et ce monde doit être aussi précis que possible pour qu'on puisse s'y mouvoir en totale confiance."
- "Une fois qu'un auteur a dessiné un univers romantique spécifique, les mots suivent d'eux-mêmes, et ce sont ceux que requiert ce monde particulier."
- "Pour permettre à l'histoire d'avancer, l'écrivain doit fixer certaines contraintes. Les contraintes sont fondamentales dans toute entreprise artistique."
- "Entre l'intention inatteignable de l'auteur et l'intention défendable du lecteur, il y a l'intention transparente du texte, qui réfute les interprétations indéfendables."
- "Par définition, les textes de fiction nous parlent de personnes et d'événements non existants (et c'est justement pour cette raison qu'ils requièrent une suspension de notre incrédulité). En conséquence, (...) une assertion fictionnelle affirme toujours quelque chose de contraire aux faits. Pour autant, nous ne prenons pas les assertions fictionnelles pour des mensonges. D'abord, en lisant une œuvre de fiction, nous passons un accord tacite avec son auteur, qui fait comme si ce qu'il a écrit était vrai et nous demande de faire comme si nous le prenions au serions. Ce faisant, tout romancier conçoit un monde possible, et touts nos idées du vrai et du faux sont dépendantes de ce monde possible."
- "Un texte de fiction nous dit non seulement ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans son monde narratif, mais aussi ce qui est pertinent et ce que nous pouvons ignorer parce que c'est sans importance."
Robert Louis Stevenson, Essais sur l'art de la fiction :
- "L'oisiveté, ainsi qu'on l'appelle, qui ne consiste pas à ne rien faire mais à faire beaucoup de ce qui n'est pas reconnu dans les formulaires dogmatiques de la classe dirigeante, a autant le droit de déclarer sa position que l'industrie elle-même."
- "La littérature, comme tous les arts, est singulièrement intéressante, et, dans une certaine mesure, elle est utile à l'humanité."
- "(...) nous devons choisir, fut-elle vouée à la pauvreté, la carrière où nous pouvons être le plus utiles à l'humanité. Car la Nature, fidèlement obéie, se révèle une mère prudente. Une jeune homme, parce qu'il aime le tintement des mots, se voue à la littérature pour le reste de ses jours, puis, à mesure qu'il acquiert de la maturité, découvre peu à peu que son choix était meilleur encore qu'il ne l'imaginait ; que s'il gagne peu, au moins il le gagne amplement."
- "(...) nous aurons affaire à ce remarquable art des mots qui, parce qu'il est aussi le dialecte de la vie, s'empare si facilement et si puissamment de l'esprit des hommes - et nous contribuerons ainsi, dans chaque cas, à accroître la somme de sentiments et d'opinions qui portent le nom de Sentiment public ou d'Opinion publique."
- "Deux devoirs incombent à l'homme qui entre dans la carrière littéraire : l'attachement à la vérité des faits, et le souci de les traiter dans un bon esprit."
- "(...) il n'y a qu'une règle : rien ne doit être entrepris précipitamment qui peut l'être lentement (...). La réflexion doit précéder le démarrage, et si vous méditez une œuvre d'art, vous devrez au préalable faire longuement rouler le sujet sous la langue pour être sûr d'en aimer la saveur, avant d'imaginer un volume qui en gardera le goût du commencement jusqu'à la fin."
- "L'exigence morale de la littérature est autrement plus haute, qui consiste à tenter de dire vaille que vaille la vérité des sentiments. Aussi, le premier devoir de l'artiste est-il de faire sa matière de ce qu'il aime, de ce qu'il désire, de ce qu'il hait, de sorte qu'il s'engage tout entier dans son œuvre. Et il n'a pas à craindre de plonger trop profond, en s'affrontant à ses démons - car c'est ainsi qu'il peut les rendre manifestes et les vaincre, en les maîtrisant dans une œuvre destinée à durer à jamais ici-bas, comme un point de repère. Et ce la qui se satisfait de jongler avec ses phrases en restant en surface, celui qui se refuse à descendre jusque dans les tréfonds, ou détourne ses yeux de l'horizon, celui-là n'est qu'un petit esprit, et ferait mieux de s'arrêter là..."
- "Toute lecture digne de ce nom se doit d'être absorbante et voluptueuse (...). Les mots, si le livre nous parle, doivent continuer de résonner à nos oreilles comme le tumulte des vagues sur les récifs, et l'histoire - s'il s'agit d'un histoire - repasser sous nos yeux en milliers d'images colorées (...) Tel est donc le pouvoir plastique de la littérature : incarner un personnage, une pensée, une émotion, dans une action, ou une attitude qui frappe les esprits, pour s'y imprimer à jamais."
- "(...) l'artiste n'a qu'une ressource, à laquelle il doit recourir dans tous les cas et quelle que soit la théorie : à savoir qu'il lui faut supprimer beaucoup et omettre plus encore (...). il serait sans doute bon d'être attentif à corriger nos propres décisions, en retenant notre main à la moindre tentation de dextérité incongrue, et en étant bien résolus à ne commencer aucune œuvre qui ne soit pas philosophique, passionnée, digne, joyeusement spirituelle ou enfin, pour le moins, d'un dessein romanesque."
- "Aussi, chassez de votre esprit tout espérance de gain, si vous choisissez d'adopter une carrière artistique. (...) votre richesse est dans ce que vous donne la vie, non dans votre salaire - le véritable salaire, ici, est le travail.(...) Mais dans la mesure où vous envisagez les encouragements du public, ou des articles dans les journaux, soyez assuré que vous poursuivez des chimères."
Dorothea Brande, Becoming a writer (traduction des passages ci-dessous par mes soins) :
- "Si cela fonctionne, je vais enseigner au débutant non pas comment écrire, mais comment être un écrivain ; et cela est légèrement différent. (...) Avant tout, devenir un écrivain est souvent une question de cultiver un tempérament d’écrivain."
- "Les journaux et lettres d'hommes de génie sont pleins d'affirmations sur leur sentiment d'être double ou multiple dans leur nature : il y a toujours l'homme de tous les jours qui marche, et le génie qui vole. L'idée d'un alter ego, l'autre soi, ou l'être supérieur, revient partout où le génie devient conscient de ses propres processus; et nous avons des témoignages à travers le temps."
- "(...) une vie d'écrivain implique : non pas une vie de rêverie, mais un travail difficile pour transformer les rêves en réalité sans sacrifier tout son charme ; non pas la poursuite passive de l'histoire d'autrui, mais la quête et l'accomplissement d'un vécu bien a soi ; (...)."
- "Personne d'autre ne sera en position de découvrir pour vous le meilleur en terme de stimulation, amusement et amitié. (...) Seulement l'observation vous montrera l'effet de chaque groupe ou personne sur vous en tant qu'écrivain. (...) Vous devrez trouver d'autres accointances, personnes qui, pour des mystérieuses raisons, vous laissent plein d’énergie, vous nourrissent d'idées, ou, plus obscurément encore, ont l'effet de vous remplir de confiance et d'ardeur pour écrire."
- "Maintenant tournez votre attention sur votre régime quotidien. Beaucoup d'écrivains prospèrent grandement à base d'une simple et saine routine avec occasionnellement un temps de lâcher prise.(...) Si vous vous engagez sur une vie d'écriture, il est raisonnable que vous devez apprendre à travailler sans la consommation habituelle de stimulants, donc trouvez ce que vous pouvez utiliser modérément et ce que vous pouvez laisser tomber. (...)"
- "(...) vous devez apprendre à lire comme un écrivain."
- "La vérité est que nous avons tous une tendance à nous remémorer les choses que nous avons vues sous la claire, chaude, lumière de l'enfance, et à retourner à retourner à elles dès que nous souhaitons amener une scène à la vie. Mais si nous continuons à nous servir des mêmes épisodes et sujets encore et encore nous perdons de l'efficacité."
- " Si vous pouvez découvrir ce que vous êtes, si vous pouvez découvrir votre profonde croyance à propos des principaux sujets de la vie, vous serez capable d'écrire une histoire qui sera honnête, originale et unique. Mais ce sont de très vastes "si", et cela nécessite de creuser péniblement jusqu'aux racines de ses propres convictions."
- "(...) si vous pensez et rêvez de votre histoire sans commencer à écrire prématurément ; si quand vous vous êtes promis à vous même d'écrire vous allez directement au travail sans hésitation ou excuse, c'est à peu près certain que l'écrit sera à la fois plus structuré et abouti que ce que vous attendiez. L'histoire sera équilibrée d'une façon plus adroite que ce que vous croyiez possible."
- "Mais si vous vous apprêtez à écrire vous devez venir à bout des énormes et puissantes part de votre nature qui sommeille derrière le seuil de la connaissance immédiate."
- "A quel point sera réussie votre travail dépendra de vous : comment vous êtes sensible, plein de discernement, comment vos expériences reflètent avec justesse celles de vos potentiels lecteurs, comment minutieusement vous vous êtes enseigné les éléments d'une bonne prose, comment votre oreille est douée pour le rythme."
Antoine Albalat, Comment on devient écrivain et Le travail du style :
- "L'originalité consiste surtout dans la façon personnelle de sentir. C'est la force de sensation qui crée la force de l'expression."
- "Ce qu'on cherche encore, ce qu'on doit toujours chercher à peindre, c'est la vérité, la vie, le réalisme, le vrai réalisme, celui qui admet ce que la nature a de bon et non pas seulement ce qu'elle a de mauvais."
- "Il faut donc copier la vie, pour rendre la vie ; et copier vos personnages dans la vie, si vous voulez que vos personnages vivent. On n'invente ni un personnage ni un caractère. On doit ou les prendre tels qu'ils sont ou les imaginer d'après ceux que l'on connaît."
- "L'inspiration n'est ni une fièvre ni un surmenage. C'est le résultat d'une application constante."
- "L'emploi du je facilite la rédaction ; mais le moi est toujours haïssable, et on doit s'en passer quant on le peut. Tâchez, du moins, d'y mettre du tact, ne l'étalez pas, disparaissez le plus possible. Le je n'est supportable que chez quelqu'un d'illustre qui mérite qu'on l'écoute."
- "Il ne s'agit pas de lire beaucoup de romans, il s'agit d'en lire d'excellents et qui soient de bons excitateurs d'idées. Pour tout le monde, la lecture est une agréable distraction. Pour un écrivain, elle doit être un moyen de fécondation perpétuel. Ce que vous devez rechercher dans un livre, c'est le talent et l'exécution."
- "Roman, dialogue, poésie, nouvelles, on ne peut juger son œuvre qu'après l'avoir laissé refroidir pendant quelque temps. Il faudrait la relire six mois au moins après qu'on l'a écrite. Comme on ne peut attendre indéfiniment, le mieux est de soumettre sa production à des personnes de confiance. (...) l'avis d'un professionnel pourrait être plus profitable, parce qu'un professionnel mêle à ses conseils d'intéressantes raisons techniques d'exécution et de facture. C'est un grand bonheur, pour un homme de lettres de rencontrer un pareil guide. Il faut tout faire pour le trouver."
- "(...) le travail et la refonte sont la méthode des grands écrivains, la condition essentielle de n'importe quelle œuvre écrite."
- "Seules la lenteur et la réflexion permettent de juger ce que l'on a produit. Le recul est nécessaire ; il est indispensable de laisser refroidir son style. (...) Alors seulement se présentent les variétés de tournures, les surprises d'expressions, l'économie des mots, la saillie des images, le sens du relief et de la vie, enfin la possibilité de perfectionner ce qui n'était qu'ébauché. (...) La méthode importe peu ; ce qui s'impose, c'est la nécessité de refaire. (...) La refonte n'est pas un signe d'impuissance ; c'est, au contraire, une preuve de talent. Toute le monde n'est pas capable d'apercevoir ce qu'il faut retoucher et comment il faut retoucher. C'est d'être déjà écrivain que de reconnaître qu'on peu mieux écrire. Seul un esprit supérieur devine ce qui lui manque.(...) C'est un don de savoir corriger ; c'est un don plus rare de savoir dissimuler ses corrections et de donner à la difficulté l'air naturel.(...) La règle, c'est qu'il faut laisser refroidir son premier jet, jusqu'à ce que le texte vous en redevienne étranger."
- "(...) le témoignage et la littérature sont d'une importance vitale."
- "Tous les écrivains souffrent de ce malentendu sur l'imagination créatrice selon lequel les opinions de personnages de fiction sont attribuées à l'auteur. (...) l'auteur est à la fois lui-même et tous ses personnages, homme ou femme, mais en même temps aucun d'entre eux, dans chaque roman qu'il écrit, que ces personnages soient proches ou hostilement éloignés de ses propres convictions."
- "(...) pour l'essentiel de moi-même, je résidais dans les livres. (...) Ce que ce monde pouvait faire, et fit, c'était de me confronter à une possibilité ; une possibilité pour moi-même. (...) j'acquérais cette faculté de concentration interrogatrice que possède l'écrivain."
- "(...) nécessité de « se faire soi-même » (...) - mon moyen principal de me « faire moi-même » était mon écriture."
- "(...) seuls les romanciers de seconde catégorie imaginent, faute de talent, que la constance caractérise les relations humaines."
- "(...) nous passons nos vies à essayer d'interpréter par la parole la lecture que nous faisons des sociétés qui nous entourent, du monde dont nous faisons partie. C'est dans ce sens, dans cette inextricable et indicible participation , qu'écrire est toujours et tout de suite une exploration de soi-même et du monde ; de l'être individuel et de l'être collectif."
- "(...) l'appréhension par l'écrivain des forces existentielles."
- "En ce qui me concerne, j'ai dit que ma fiction sera toujours plus vraie que tout ce que je pourrai dire ou écrire de factuel. La vie, les opinions sont distinctes de l’œuvre, car c'est dans la tension entre rester à l'écart et être impliqué que l'imagination transforme l'un et l'autre."
- "(...) la littérature a un rôle social implicite et inaltérable dans l'exploration de la réalité existentielle."
- "(...) j'estimais qu'écrire ne pouvait être qu'une recréation. On évoquait autour de moi la souffrance de l'écrivain, mais ça ne me disait rien."
- "(...) l'écriture loge précisément dans ce rien."
- "Je reste convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture. C'est en lisant qu'on apprend à écrire. Les bons livres forment le goût."
- "(...) trouver cette voix perdue dans la chambre des échos."
- "Le troupeau, c'est ce que d'autres appellent l’œuvre - et l'écrivain est son berger."
- "Écrire est d'abord une fête intime."
- "(...) Dans le cas d'une histoire que l'on porte depuis longtemps en soi, on sent par des signes avant-coureurs que le moment n'est pas loin. (...) tout nouveau livre exige un esprit frais dans un corps dispos. Certains écrivains changent de régime alimentaire. (...) On doit alors se tempérer afin de dégager un espace pour pouvoir travailler dans le calme.
- "(...) écrire exige au premier plan de la concentration : on doit à la fois réfléchir le monde et sentir la vie. Harmoniser l'esprit et les sens. Il faut penser le monde si on veut le décrire.(...) le roman exige des qualités de marathonien."
- "Les meilleurs fins sont celles qui suivent la pente naturelle du récit (...). (...) on aurait intérêt à faire glisser doucement le récit vers un « fade out ». (...) c'est toujours bien d'agir avec délicatesse. (...) une fin toute simple, sans tragédie ni grands rebondissements. Un personnage s'enfonce dans la foule."
- "L'aventure c'est rendre possible la découverte de nouveaux paysages intérieurs."
- "Il faut déterminer une distance entre soi-même et le livre qu'on est en train d'écrire si on veut trouver son ton. (...) On n'a pas de livre tant qu'on n'a pas trouvé son ton.
Écrire est une cérémonie très étrange où l'écrivain fait semblant d'être seul tout en sachant qu'une foule invisible et silencieuse se tient dans la même pièce."
- "Je le redis : ne pas hésiter à feuilleter de temps en temps les livres que vous aimez pour voir comment font les écrivains que vous admirez. (...) Comment commencent-ils un récit ? Comment terminent-ils un roman ?"
- "Le livre est un trait d'union entre l'écrivain et le lecteur."
- "Alors si vous écrivez, de grâce ne tournez pas autour du pot, dits-le que vous êtes un écrivain. Un écrivain c'est quelqu'un dont l'activité principale est d'écrire. Tout se ramène chez lui à l'écriture. Alors répondez clairement quand on vous pose la question pour qu'on puisse passer à autre chose."
- "On écrit le livre qu'on aimerait bien lire mais qu'on ne trouve pas."
- "Trouvez-vous normal de vous enfermer ainsi tout l'été dans cette chambre surchauffée à écrire cet essai sur le désir alors que dans la rue c'est l'explosion des sens ? Quelqu'un doit faire le travail, monsieur."
- "Votre travail c'est de rendre crédible l'univers que vous avez fait passer par le tamis de votre sensibilité."
- "Le corps du texte est un organisme vivant."
- "C'est toujours bon de rentrer en soi-même pour chercher une pensée autonome."
- "Il y a quelqu'un que vous devez absolument convaincre de votre talent, et il se trouve dans cette pièce où vous vous croyez seul."
- "Un narrateur est réussi quand l'auteur ne partage pas toutes ses idées."
- "Le roman aime la nuance."
- "L'une des fonctions de la littérature (si ça existe) c'est de déchirer le voile des apparences."
- "Peut-être que lire et écrire, comme rêver et penser, ne servent qu'à faire baisser l'intensité du bruit dans le monde."
- "On s'exprime souvent mieux par les livres qu'en tentant de prendre part à cette rumeur confuse et éphémère qui rythme nos jours."
- "Tout récit est forcément autobiographique même quand l'histoire semble loin de notre vie personnelle. C'est quelque chose qu'on a rêvé et qui fait partie de nous. (...) On croit que c'est une idée qu'on vient d'avoir alors qu'elle était déjà inscrite en nous."
- "Dans ce monde bavard l'écriture permet de plonger en soi jusqu'à ramener à la surface le chant intérieur."
- "Les mots ont aussi une charge électrique qui leur permet d'éclairer la page. Leur énergie augmente ou baisse suivant le mot voisin."
- "(...) faire simple. L'art ultime."
- "Il faut tenir compte, en écrivant, du fait que le lecteur s'arrête parfois de lire sans toutefois fermer le livre. Son moment de réflexion. On doit éviter de parler alors par-dessus son silence."
- "Ce qui est important c'est ce qui se passait au-dedans de moi. Et tout me disait de soustraire au lieu d'ajouter. (...) Contrairement à tous ceux, autour de moi, qui aiment foncer, j'adore freiner. Pour dire les choses plus sobrement, je préfère ralentir."
- "On trouve son rythme en accordant la musique à sa nature profonde."
- "L'art prend racine dans le fumier."
- "(...) pour tout écrivain il y a une mer d'encre à traverser et cette musique à trouver."
Elizabeth Gilbert, Comme par magie - Vivre sa créativité sans la craindre :
- "C'est donc là, d'après moi, la question pivot sur laquelle repose toute existence créative : Avez-vous le courage de donner le jour aux trésors qui sont cachés en vous ?"
- "(...) donner le jour à ces trésors exige des efforts, de la foi, de la concentration, du courage et des heures de dévouement (...)."
- "Car la vérité, c'est que je crois que la créativité est une force d'enchantement - et d'une origine pas entièrement humaine.(...) Je suis convaincue que le processus créatif est magique et que c'est de la magie."
- "Quelque chose me porte - quelque chose de puissant et de généreux - qui n'est décidément pas moi."
- "En grec ancien, le mot signifiant le plus haut degré de bonheur humain est eudaimonia, qui signifie grosso modo « doté d'un bon démon » - c'est-à-dire « sur qui veille avec attention un esprit divin créatif extérieur »".
- "Je ne reste pas les bras ballants en attendant pour écrire que mon génie décide de me rendre visite. J'en suis plutôt venue à penser que mon génie passe beaucoup de temps à m'attendre moi (...)."
- "Je travaille régulièrement et je suis toujours reconnaissante de ce qui arrive. Que je sois touchée ou non par la grâce, je remercie la créativité de me permettre simplement de travailler. (...).
De la gratitude, toujours.
Toujours de la gratitude."
- "Vous n'avez besoin de la permission de personne pour mener une existence créative."
- "Nous fabriquons des choses parce que nous aimons le faire.
Nous recherchons ce qui est nouveau et intéressant parce que nous aimons cela.
Et l'inspiration œuvre avec nous, apparemment parce qu'elle aime cela (...)."
- "Les gardiens de la grande culture tenteront de vous convaincre que l'art appartient à une poignée d'élus, mais ils se trompent - sans compter qu'ils sont agaçants. Nous sommes tous des élus. Nous sommes des créateurs-nés."
- "(...) vous ne serez jamais capable de créer quelque chose d'intéressant dans votre vie si vous n'êtes pas convaincu que vous avez au moins le droit d'essayer. (...) vous avez la permission d'avoir une vision et une expression personnelles."
- "Faites savoir que vous êtes là. Bon sang, faites-le vous savoir - car cette déclaration d'intention est tout autant une annonce à vous-même qu'à l'univers ou à n'importe qui. En entendant cette proclamation, votre âme se mobilisera comme il se doit. (…) Il ne suffit pas de faire une seule fois cette déclaration d'intention et cette proclamation de culot et s'attendre à des miracles. Il faut la répéter quotidiennement, éternellement."
- "J'ai le droit d'avoir une vision personnelle et de m'exprimer. J'ai le droit de collaborer avec la créativité, parce que je suis moi-même un produit et une conséquence de la Création. Je suis en train d'accomplir une mission de libération artistique (...)."
- "La plupart des choses ont déjà été faites - mais elles ne l'ont pas encore été par vous."
- "Exprimez simplement ce que vous voulez dire, et exprimez-le de tout votre cœur.
Partagez ce que vous êtes poussé à partager."
- "Créez ce qui provoque des révolutions dans votre cœur."
- "Il faut que vous nous révéliez ce que vous savez, ce que vous avez appris, ce que vous avez vu et ressenti. (...) nous avons besoin que votre œuvre vienne enrichir et transformer notre vie."
- "Plus vite et plus ardemment vous épouserez l'idée que tout finira reposer entièrement sur vous, mieux cela vaudra."
- "Je me rappelle avoir eu la nette sensation que je n'en viendrais jamais à bout, de ces gardiens sans nom ni visage de la porte que j'assiégeais sans relâche. Qu'ils ne céderaient jamais. Qu'ils ne me laisseraient jamais entrer. Que cela ne marcherait jamais.
Cela n'avait pas d'importance.
Pas question que je renonce à mon travail simplement parce que ça ne « marchait » pas. Ce n'était pas le but du jeu. La gratification ne pouvait pas provenir des résultats extérieurs, j'en étais consciente. Elle devait découler de la joie que j'éprouvais à façonner mon œuvre (...)"
- "(...) c'est un grand geste d'amour que de rappeler à quelqu'un qu'il peut accomplir quelque chose par lui-même, que rien ne lui est dû et qu'il n'a pas autant de faiblesses et d'entraves qu'il le croit.(...) Il y a quelque chose de magnifique à pousser quelqu'un ) progresser et enfin se respecter - surtout quand il s'agit de créer quelque chose de courageux et de neuf."
- "Chaque fois que vous déplorez combien c'est difficile et épuisant d'être créatif, l'inspiration recule un peu plus, insultée. C'est comme si elle levait les mais et vous disait : «Hé, désolée mon pote ! Je ne m'étais pas rendu compte que ma présence était aussi pénible. Je vais m'adresser à quelqu'un d'autre »".
- "(...) en disant que vous adorez votre travail, vous ferez venir l'inspiration. Elle sera reconnaissante de vous entendre prononcer ces mots, car l'inspiration - comme nous tous - apprécie qu'on l'apprécie. Elle entendra votre plaisir et pour vous récompenser de votre enthousiasme et de votre loyauté, elle déposera des idées sur le pas de votre porte.
Plus d'idées qu'il n'en faut.
Suffisamment d'idées pour remplir dix existences."
- "Notre créativité est un présent insensé et inattendu que nous fait l'Univers."
- "Je promis aussi que je ne demanderai jamais à l'écriture de veiller financièrement sur moi, mais que je veillerai toujours sur elle - ce qui voulait dire que je nous ferai vivre vivre toutes les deux, par tous les moyens nécessaires. Je ne demandai aucune récompense extérieure pour mon dévouement (...)."
- "Je continuai à travailler.
Je continuai à écrire.
Je continuai à ne pas être publiée, mais ce n'étais pas grave parce que je faisais mon éducation."
- "Mais je me rappelle avoir pensé qu'apprendre à supporter sa déception et sa frustration fait partie du travail d'un individu créatif. Si vous voulez devenir un artiste de quelque espèce que ce soit, me semblait-il, gérer sa frustration est un aspect fondamental du métier (...). Tenir le coup durant toutes les phases de la création, c'est cela, le véritable travail."
- "Pendant tout le temps où je faisais mes gammes pour devenir écrivain, j'eus toujours un travail.
Même après avoir été publiée, je ne le quittai pas, par souci de sécurité.(...) Vous devez gérer intelligemment les questions financières.(...) En plus, c'est extrêmement honorable de se débrouiller tout seul, et cela se ressentira puissamment dans votre travail. Cela le renforcera."
- "Je m'accrochai à mes différents boulots pendant aussi longtemps parce que je voulais que ma créativité soit libre et en sécurité.(...) Vous pouvez toujours accomplir votre travail artistique sans quitter votre boulot habituel."
- "Engendrez ce qui est en vous."
- "(...) ces gens - ceux qui montent la garde aux portes de nos rêves - ne sont pas des automates. Ce sont simplement des gens. Ils sont exactement comme nous. Capricieux et fantasques. Ils sont un peu différents chaque jour, tout comme nous le sommes vous et moi. Il n'y a aucun schéma précis permettant de prévoir ce qui captivera l'imagination d'un individu, ni quand (...). Mais puisque ce moment est impossible à connaître, il faut maximiser ses chances et les mettre de son côté. S’obstiner à se présenter toujours de bonne humeur, et recommencer, constamment...(...) C'est pourquoi vous ne devez pas renoncer. Vous devez continuer dans l'obscurité de la forêt d'appeler votre propre Grande magie. Vous devez chercher inlassablement, avec confiance, en espérant contre toute attente qu'un jour vous vivrez cette divine collision de communion créative - que se soit la première fois ou une fois de plus."
- "La Terre n'est pas indifférente, au contraire, elle demande nos dons en échanges des siens - c'est la nature réciproque de la vie et de la créativité."
- "Trop d'artistes croient encore que la douleur est la seule expérience émotionnelle véritablement authentique. (...) depuis quand la créativité est-elle un concours de souffrance ? (...) Selon moi, vous pouvez mener une existence créative et faire tout de même l'effort d'être quelqu'un de bien. (...) L'amour plutôt que la souffrance, toujours. (...)"
- "L’œuvre veut être créée et elle veut l'être par vous."
- "Ce qui est réellement sacré, c'est le temps que tu passes à travailler sur un projet, la manière dont ce temps décuple ton imagination, et dont cette imagination décuplée transforme ta vie."
- "Ne perdez pas courage dès l'instant où cela cesse d'être facile ou gratifiant.
Parce que ce moment, figurez-vous...
C'est celui où cela devient intéressant."
- "Et comme la créativité est la voie la plus directe vers l'émerveillement, c'est là que je me réfugie."
- "Avant toute chose, soyez indulgent avec vous-même. (...) Rappelez-vous que vous n'êtes rien de plus qu'un débutant (...). Nous sommes tous des débutants, ici, et nous mourrons débutants."
- "L'ultime geste de confiance créative - et c'est parfois le plus difficile - consiste à faire connaître au monde votre travail une fois qu'il est achevé. (...) Vous l'avez créé, vous avez le droit de la montrer. Ne vous excusez jamais, ne le justifiez jamais, n'en ayez jamais honte. Vous avez fait de votre mieux avec ce que vous saviez et ce que vous aviez dans le temps qui vous était imparti. (...) Quelqu'un pourrait même vous trouver génial et merveilleux."
Stephen King, Écriture mémoires d'un métier :
- "écrire est humain, corriger est divin."
- "L'imitation précède la création"
- "Il y a quelque chose que je tiens à mettre au point tout de suite - d'accord ? Il n'existe pas de Décharge à Idées, pas de Centre à Histoires, pas d'Île des Best-sellers enterrés. Les idées des bonnes histoires paraissent littéralement jaillir de nulle part, vous tomber dessus du haut d'un ciel vide : deux idées jusqu'ici sans rapport sont mises en contact et produisent quelque chose de nouveau sous le soleil. Votre boulot n'est pas de trouver ces idées, mais de les identifier lorsqu'elles font leur apparition."
- "Je ne cherche pas à prouver que ce poème est un chef-d’œuvre, même si, en ce qui me concerne, je le trouve plutôt bon. Ce que je veux simplement montrer, c'est qu'il était raisonnable dans une époque hystérique, fruit d'une éthique de l'écriture qui se réverbéra jusque dans mon cœur et mon âme."
- "Ce que j'ai découvert de plus important, c'est que la perception qu'a l'auteur de ses personnages, au départ, peut être aussi erronée que celle du lecteur ; et, presque aussi important, j'ai compris que le fait d'arrêter la rédaction d'un texte simplement parce que c'est difficile, sur le plan affectif ou sur celui de l'imagination, est une mauvaise idée. Il faut parfois continuer même quand on n'en a pas envie, et il arrive qu'on fasse du bon boulot alors qu'on a l'impression d'être là, à pelleter bêtement de la merde, le cul sur une chaise."
- "L'idée que l'effort créateur et les substances qui altèrent l'esprit sont étroitement liés est l'une des plus grandes et populaires supercheries intellectuelles de notre temps. (...) Prétendre que les drogues et l'alcool sont nécessaires pour atténuer les effets d'une sensibilité exacerbée, c'est avancer un ramassis de conneries simplement pour se justifier."
- "La vie n'est pas un système logistique destiné à soutenir l'art. C'est le contraire."
- "Qu'est ce qu'écrire ? De la télépathie, bien entendu. (...) Tous les arts dépendent à un degré ou un autre de la télépathie, mais je crois que ce sont les écrivains qui en donnent l'illustration la plus limpide. (...) Si les choses se sont bien passées, vous êtes quelque part plus loin que moi dans le flot du temps (...) ; les livres sont des instruments de magie portables qui n'ont pas leur pareil."
- "Mettez-vous bien ça dans le crâne : l'écrivain lance la corde, et non la corde a été lancée par l'écrivain. S'il vous plaît..."
- "Il y a un monsieur Muse, mais il ne vas pas descendre en voletant dans votre bureau pour répandre sa poudre de fée créatrice sur votre machine à écrire ou votre traitement de texte. Il a les pieds sur terre. Il occupe même le sous-sol. Vous devez descendre à son niveau et, une fois là, lui meubler le local pour qu'il y vive. En d'autres termes, vous devez vous taper tout le travail de force pendant que monsieur Muse paresse, fume le cigare et admire ses trophées sportifs en faisant semblant de vous ignorer. (...) Il est juste que vous vous tapiez toutes les corvées et que ce soit l’huile de votre lampe qui brûle, car le type au cigare et aux petites ailes possède un sac magique. Avec dedans des trucs qui peuvent changer votre vie."
- "Si vous voulez devenir écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez impérativement faire : lire beaucoup et beaucoup écrire. Il n'existe aucun moyen de ne pas en passer par là, aucun raccourci. (...) Vous ne pouvez espérer emporter quelqu'un aussi totalement par la force de votre texte si vous n'avez pas vécu la même chose comme lecteur."
- "le travail a toujours été fait un mot après l'autre."
- "Se pose alors la grande question : de quoi allez-vous parler ? Suivie de la tout aussi grande réponse : de ce qui vous chante. De n'importe quoi - mais à une seule condition, dire la vérité. (...) Lorsqu'un lecteur entend clairement l'écho de ce qui est sa vie, de ce qui constitue ses croyances, il y a davantage de chances pour qu'il s'investisse dans l'histoire."
- "Je me méfie des intrigues pour deux raisons : d'abord parce que nos vies en sont essentiellement dépourvues (...) ; ensuite parce que je considère qu'il y a incompatibilité entre la construction d'une intrigue et la spontanéité de la véritable création."
- "Une description commence dans l'imagination de l'écrivain et doit s'achever dans celle du lecteur."
- "J'estime que les meilleurs romans finissent toujours par avoir les gens pour sujets, plutôt que les événements ; (...) Et si vous faites bien votre boulot, vos personnages prendront vie et commenceront à faire des choses d'eux-mêmes. (...) Et cela résoudra un tas de problèmes, croyez-moi."
- "il me semble que tous les textes - ou au moins ceux qui méritent d'être lus - nous parlent de quelque chose."
- "Ce que je recherche le plus est ce que j'appelle la résonance, quelque chose dont l'écho se répercutera encore un peu de temps dans l'esprit (et le cœur) du Fidèle lecteur."
- "Quelqu'un - impossible de me rappeler qui - a écrit un jour que les romans sont tous, sans exception, des lettres adressées à une personne précise. Il se trouve que je le crois aussi."
- "Avez-vous besoin qu'on vous colle un badge sur la poitrine avec écrivain écrit dessus pour croire que vous en êtes un ? Seigneur, j'espère bien que non !"
- "En fin de compte, écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages, mais aussi à enrichir votre propre vie. C'est se tenir debout, aller mieux, surmonter les difficultés. Et faire qu'on soit heureux, d'accord ? Oui, faire qu'on soit heureux."
Carissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups (Postface) :
- "(...) les histoires sont une médecine, une remède."
- "(...) la grande majorité de ce que je porte en moi, que je raconte sous sa forme brute ou transforme par l'écriture en histoires plus littéraires, je l'ai reçu, non pas assise autour d'une table, mais grâce à un travail ardu, nécessitant beaucoup d'intensité et de concentration. Pour moi, seul le travail permet à l'histoire de prospérer - travail d'ordre intellectuel, spirituel, familial, physique et intégral. Elle ne vient jamais avec facilité. On ne la ramasse pas comme une fleur, pas plus qu'on ne l'étudie durant ses heures de loisir. Son essence ne peut voir le jour ni se conserver dans une atmosphère confortable et climatisée, elle ne peut croître dans un esprit dont l'enthousiasme ne s'accompagne pas d'un engagement total, pas plus qu'elle ne peut vivre dans un environnement peuplé mais vide de sens. Une histoire, ça ne « s'étudie » pas. On l'apprend pas assimilation, en restant dans sa proximité, avec ceux qui la connaissent, la vivent, l'enseignent - plus par le biais des tâches de la vie quotidienne que lors des moments nettement plus cérémonieux. L'histoire en tant que médecine qui guérit ne saurait exister dans le vide. Elle ne peut exister coupée de sa source spirituelle. On ne peut s'en servir comme d'un produit tout préparé. Si l'on veut être honnête avec l'histoire, il faut vivre dedans une authentique existence. Si l'on est élevé en elle, elle en sera visiblement illuminée."
- [dans sa note n°2, citant le maître conteur et poète Steve Sanfield] : "Il faut toute une vie, et non quelques années ni même une décennie, pour devenir un maître en quelque chose. Cela nécessite une immersion complète dans l'art en question. (...) La compétence ne suffit pas. La maîtrise, ce n'est pas la faconde, les petits trucs pour tenir l'auditoire en haleine, pour le faire participer. Ce n'est pas raconter pour se faire aimer, pour gagner de l'argent, pour acquérir une réputation. La maitrise, ce n'est pas raconter les histoires des autres. Ce n'est pas essayer de faire plaisir à l'une des personnes de l’assistance ou à une partie de l'assistance, ni à qui que ce soit. C'est écouter votre propre voix intérieure, puis mettre tout votre cœur, toute votre âme dans chaque histoire, même si ce n'est qu'une anecdote ou une plaisanterie."
- "(...) la narration d'une histoire se débute en hissant, en tirant, en faisant émerger des contenus psychiques, tant individuels que collectifs. Le processus prend beaucoup de temps et d'énergie, intellectuellement et spirituellement parlant. Cela n'a rien d'un loisir."
- "C'est une responsabilité importante de transmettre une histoire. Cela va très loin. (...) Ce n'est pas le fruit d'un plan soigneusement élaboré, c'est affaire d'âme."
- "J'espère que vous allez laisser les histoires, c'est à dire la vie, vous arriver, que vous aller travailler avec ces histoires issues de votre existence - la vôtre, pas celle de quelqu'un d'autre - les arroser de votre sang et de vos larmes et de votre rire, jusqu'à ce qu'elles fleurissent et que vous fleurissiez à votre tour. C'est là la tâche, l'unique tâche."
Propos lus et sélectionnés par
Thomas Masson
Thomas Masson